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Ørigine

une création de Silvio Palomo et le Comité des fêtes

On sort de la voiture qu’on a garé sur le parking, en face de la table d’orientation, on prend le pique nique et on cherche où s’installer. On dit des phrases pour se promener, pour compter les pas. On fait des petis bilans, on se rassure même si tout va bien, on se souvient pour se familiariser avec l’inconnu: « Ça me fait penser à … » ou « oh, c’est comme … » Des trucs de touristes dont on ne se défait pas.

On s’installe rapidement pour occuper l’espace et on pose les bases avec une table ou un sac.
À force d’occupation et de bavardage, le territoire devient nôtre et toute personne qui arrive, un étranger. Dés lors, on se cherche des points communs, on s’apprivoise, montre de quoi on est capable, et puis on brasse de l’air.
 On use de politesse, de prudence, de bienveillance, pour mieux s’imposer. Et quand on prend nos aises et que l’on pense maîtriser notre environnement, on assiste à son délitement.

La fin est proche, mais à force de catastrophes on s’habitue aux malheurs.
Alors, on prends de la distance face aux engrenages de la fin et on reste calme car tout est perdu.

A qui de droit

« ØRIGINE  » fabrique le silence qui se susurre et la mélancolie. Avec l’étrangeté de la douceur infinie et la naïveté propice à la contemplation, l’Ours blanc et ses visiteurs devisent sur une banquise incertaine, bourrée de failles autant que d’astuces de haute technologie enfantine.

Avec humour, avec absurdité sérieuse, Silvio Palomo nous entraîne dans un biotope peuplé de rêveurs modestes où l’œil et l’oreille doivent se tendre pour en goûter toutes les saveurs en péril.
L’héroïsme des héros de Silvio gît dans leur ébahissement et dans leur faculté d’accueil qui fait de la banquise le coin cuisine où l’on reçoit volontiers les voisins. A un monde en dislocation ultime Silvio oppose un monde de réinvention chorique du vivant, illuminé du sceau de l’utopie.

Ce spectacle est une illustration de l’incertitude, une invitation aussi à se pencher sur l’extrême fragilité de tout ce qui se vit, se pense, s’imagine encore sur une planète malade de nous.

Janvier 2019, Martine Wijckaert

Artiste associée du Théâtre de la Balsamine

Note d'intention

Le quotidien, ce qui se produit tous les jours, rassure puisqu’il offre des habitudes, des repères et un certain confort. Il est vital, car c’est celui qu’on partage et qui concerne chacun de nous. On entretient avec le quotidien un rapport ambigu. Ce mot a souvent une connotation péjorative et donne une impression de tristesse et d’ennui. Pourtant, il est possible que la répétition de nos actions cache un sens nouveau. Nos gestes font partie de notre héritage social, culturel et affectif. Nous ne faisons que reproduire, et dans cette reproduction, des souvenirs et des évènements sous-jacents à l’ordinaire s’inscrivent dans notre inconscient.

L’ordinaire est ce qui constitue la matière-même de nos vies, et, en même temps, ce qui échappe à la saisie intellectuelle et sensible. Le plus souvent nous mettons la « machine en branle », que l’on appelle routine, sans penser à la mesurer ou à prendre en compte ces laps de temps qui rythment le journalier. Je ne pense pas qu’il faille changer nos habitudes ou en inventer de nouvelles, mais simplement les observer, les interroger, afin de renouveler notre regard sur le monde.

Avec ØRIGINE, l’aventure est balisée par les habitudes de chacun, et la routine reprend le dessus. Dans cette nouvelle création, je tente de sublimer la banalité du réel et normaliser l’exceptionnel pour rentrer dans l’intimité du commun.

Juin 2018, Silvio Palomo et le Comité des fêtes